Décider d'allaiter ou non, c'est peser tous ces facteurs, le pour et le contre général et personnel de chaque choix. Ce que nous ne pouvons pas accepter, c'est que dans la grande majorité des cas, chaque mère cherche de manière responsable le meilleur pour son bébé et pour sa relation avec ce garçon ou cette fille. Et donc il n'y a pas une seule façon d'être de bonnes mères, mais il y en a plusieurs, qui découlent des différentes expériences et circonstances que chaque mère se trouve à vivre. C'est pourquoi nous nous retrouvons encore à devoir défendre des choix qui devraient plutôt être tenus pour acquis et acceptés comme responsables. Il en va de même pour les critiques qui parviennent aux mères qui décident d'allaiter longtemps, voire bien au-delà du premier anniversaire de leur bébé. Dans ce cas, l'accusation classique est de gâter l'enfant, de compromettre son développement vers l'autonomie voire la santé mentale. Et de le faire parce qu'à leur tour, ils ont un trouble psychologique qui les empêche de "lâcher prise" de l'enfant. Dans ce cas également, il faut préciser clairement que ce n'est pas du tout le cas, et que l'Organisation mondiale de la santé recommande sereinement l'allaitement - si cela plaît à la mère et à l'enfant, même au-delà de deux ans.
Il faut une maternité ambivalente
Ce climat culturel de reproche continu a aussi à voir avec la représentation qui est donnée en général des femmes dans ce contexte, toujours dépeinte comme monolithique, sans aucun doute. Comme s'ils étaient tous des marionnettes capables d'exprimer un seul personnage à la fois, d'ailleurs choisi avec caprice : celui qui a décidé d'allaiter indéfiniment et celui qui ne veut absolument pas allaiter. D'autre part, c'est la maternité elle-même qui apporte avec elle des doutes, des émotions et des sentiments contradictoires qu'il est important de savoir accepter. Un certain conflit et une ambivalence plus ou moins consciente sont présents en chacun de nous et font partie des liens affectifs. Cela s'applique également à l'allaitement, qui implique également une grande intimité. Même une mère allaitante avec du lait deuxieme age animée d'une très forte motivation peut avoir ses moments de difficulté, et se demander qui la pousse à le faire. À l'inverse, la mère qui utilise la formule peut parfois se demander si elle a raté quelque chose.
